Collection: NIKOLAUS VON WOLFF - Série Lecteurs

Une jeune femme lit Le Capital de Karl Marx dans l'espace exigu d'un compartiment de train, tandis que des hommes barbus, presque comme des réincarnations de l'auteur lui-même, regardent curieusement par la fenêtre. La scène oscille entre ironie et sérieux : ici la gravité historique de l'un des écrits les plus influents du modernisme, là la légèreté du geste quotidien de la lecture. Von Wolff crée une tension entre théorie et vie quotidienne, entre analyse économique et pratique individuelle de la pensée. Mais la composition parfaite, le jeu précis des regards et des réflexions trahissent les origines artificielles. Tout comme Marx interrogeait la relation entre valeur et marchandise, von Wolff montre clairement que les images sont elles aussi des marchandises – des produits qui ne font que simuler l'authenticité pour créer une signification culturelle. L'œuvre nous montre que la question de la « valeur » n'est plus seulement économique, mais se négocie également en termes médiatiques et esthétiques.

La série Readers développe un discours global à partir de là. Avec son esthétique noir et blanc rappelant les années 1980, elle apparaît comme une archive trouvée de pratiques de lecture urbaine, mais en réalité, elle est constituée de constructions générées par l'IA. Cette illusion fait sa force : elle évoque une mémoire collective qui n'a jamais existé et nous invite à repenser la relation entre image, histoire et vérité. La lecture apparaît comme une métaphore de la réflexion, un îlot de conscience dans l'espace public, tandis que les images générées par l'IA font simultanément du médium lui-même leur sujet. Ainsi, von Wolff associe littérature, philosophie et arts visuels dans une enquête critique sur le présent : une époque où l'authenticité est devenue un effet esthétique et où la question du « capital » englobe également la confiance dans les images.