Collection: JULIEN BONET - Mascarades

 Avec « Mascarades », l'artiste français Julien Bonet crée une série de portraits générés par l'IA, oscillant entre documentation ethnographique et fiction contemporaine. Leur point de départ est les mascarades hivernales européennes – des festivals archaïques où costumes extravagants et chorégraphies rituelles représentent la lutte entre l'hiver et le printemps, l'ordre et le chaos. Bonet, qui a grandi dans les années 1980 et a été marqué par les ruptures culturelles entre les mondes analogique et numérique, transforme ces traditions en un langage visuel qui reflète les angoisses sociétales actuelles : crise climatique, migrations, pandémies, questions identitaires.

Après une première expérience en publicité et en photographie de mode, Bonet a trouvé une nouvelle liberté artistique en travaillant avec l'IA générative. Inspiré par les photomontages de John Heartfield, il utilise cette technologie comme un appareil photo : non pas pour imiter des styles existants, mais pour visualiser l'inimaginable. Ses figures, mises en scène frontalement, paraissent à la fois familières et étranges : des archétypes mythiques qui nous regardent droit dans les yeux, mais qui naissent d'une réalité inexistante.

Cette série est un commentaire sur le pouvoir des mythes à l'ère numérique. Tout comme les contes anciens puisaient dans la mémoire collective, l'IA puise dans d'immenses archives d'images et en tire de nouveaux récits. Bonet recherche délibérément ces moments où la machine « perd son rythme », lorsque la logique algorithmique bascule dans l'étrangeté poétique et produit des images inattendues.

Chaque motif est créé selon un processus complexe s'étendant sur plusieurs milliers de générations d'images. Il en résulte des univers visuels hybrides qui paraissent documentaires tout en célébrant l'imaginaire. Les Mascarades de Bonet nous invitent à réexaminer des questions intemporelles : qui sommes-nous face à nos peurs ? Quels masques portons-nous aujourd'hui ? Et comment la technologie transforme-t-elle nos mythes de demain ?